Ce défi des croqueurs de mots a fait couler beaucoup ... d'encre ; j'en rappelle la teneur.
Vous êtes pris d'une incoercible envie de faire pipi
à un moment fort inopportun : racontez,
mais sans faire usage de mots contenant la lettre i .
image Claire Fo
Il était vraiment difficile d'éviter l'emploi d'i aussi minuscules soient-ils. Faire pipi, niet, uriner, nenni. C'était miction impossible : interdits d'urinoirs, sanisettes comprises.Quiconque tentait d'utiliser l'ultime pissotière, - l'implacable miss pipi, gardienne émérite d'édicules urbains -, l'incendiait incontinent !
Qui aurait imaginé pire défi, il fallait vraiment s'investir ! Aussi l'envoi massif d'extraordinaires lipogrammes m'émerveilla.
Voici huit lipogrammes choisis parmi mille.
Panne d'ascenseur
La superbe blonde du second étage m'a devancé ; étonnant, elle ne prend pas l'ascenseur en général.
Chouette, un bon prétexte pour parler un peu !
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Bonjour ! (avenante, sans doute. Pressée, à coup sûr)
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Bonjour, quel étage ? (galant)
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Le deux. (neutre)
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Le deux, plus sept, égal neuf. (enjoué).
L'ascenseur démarre et s'arrête deux secondes après.
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Allons, bon, une panne ! (pas affecté du tout)
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... (consternée)
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Je sonne ! Et alors on entend : "pschttttt, pof !" le néon et la sonnette rendent l'âme, une ampoule de secours nous permet malgré tout de ne pas sombrer dans les ténèbres. Appeler à quatre heures du mat', c'est râpé d'avance.
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On ne va pas rester là jusqu'au lever du jour quand même !
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Vous avez un téléphone ?
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Heureusement !
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Appelez les urgences !
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OK, ...,zut, déchargé !
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L'attente sera longue, alors !
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Oh, non ... - s'exclame la blonde avec moult trémoussements, mouvements brusques, saccadés, dont la cause m'échappe - et vous, vous n'avez pas de portable ?
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Non, sur mon bureau, à la recharge ! (Et là je sens que l'effet conjugué du porto de Pédro et du cognac de Momo va me jouer un sale tour, je remue les genoux, je presse fortement sur mon ventre, dur et ballonné, en serrant les fesses, sans succès, mon royaume pour des w-c, merde alors !)
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Vous êtes tout pâle, ça va ? me demande ma compagne d'ascenseur, toujours fortement secouée de soubresauts étranges, les joues passant en deux secondes du blanc-verdâtre au rouge sang.
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Désolé, juste un problème d'urgence et les w.c sont hors de portée, je vous présente toutes mes excuses, la nature n'a pas prévu les pannes d'ascenseur de longue durée. C'est scabreux, pourtant la chose s'est déjà passée de par le vaste monde ; je ne peux que me soulager ou éclater, vous m'en voyez franchement désolé, confus même.
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Ecoutez, votre cas ne m'est pas étranger, la même urgence est la cause de ma présence dans cet ascenseur, soyons brefs, nous allons procéder à un arrosage parallèle en mettant notre pudeur de côté.
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D'accord, pour être un peu galant malgré tout, je ne reste pas debout, je vous propose en partage un arrosage à croupetons, côté porte.
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Cet égard me touche, passons à l'acte et soyons synchrones.
Quelques secondes plus tard, soulagés et toute honte bue, nous avons commencé à parler, et nous ne nous sommes tus (un moment seulement) qu'à neuf heures pétantes. En effet, grâce à un joggeur doté d'un téléphone en état de marche alerté par nos appels, un homme de l'art nous a alors débloqués ; son regard nous a nettement scrutés, jaugés, jugés et après examen des deux flaques parallèles le drôle de bonhomme en bleu a marmonné : "y'a des pannes plus sympa que les autres, non ?"
C'est chez elle que nous avons prolongé notre rencontre avec un jus d'ananas plus plus, avant de la renforcer par un café plus plus en montant à l'étage numéro neuf. Nous sommes redescendus nous reposer plus plus à l'étage numéro deux, nous sommes remontés nous sustenter plus plus au neuf où nous avons programmé nos agendas pour les rendre plus concordants, dorénavant.
Mélissa Meugène (du Lipo-Club)
Sur l'autoroute
Un jour, je fus dans l'embarras, quand mon nectar doré voulut déménager de son sac caché.....pour aller où ? Sur cette autoroute, aucune cachette ne fût rencontrée pour me tendre des bras secourables.....Alors un gros sac de "pop corn" me sauva du dégât....Le temps des couches est peut-être venu dans mon cas!
Dansons !
Dansons, joue contre joue, dansons,
Rhâaalala, pétard, comme c'est bon,
Des yeux verts,une bouche ah ! et blond
Barbara Stresant nous emporte, dansons,
Crotte de crotte, une crampe au bedon,
L'horreur, ça presse, c'est trop con,
Ce sont les queues de ces trucs ronds
Avalées le jour d'avant, , trop glouton,
Faut que je serre mes ... mon... dansons,
Me répandre sur ses tatanes non et non,
Je me torture, ça s'arrête pas ! Crénom !
Au grand bal des blogboculteurs
Je me le rappelle très fort : ce fut au grand bal des blogboculteurs
à la gorge sèche, une journée gravée dans mon cœur pour toujours au
fer rouge, du sceau de la honte. Comme de coutume au cours de tout
bal masqué se respectant, mes potes et ma pomme nous trémoussâmes
sur les bourrées, sardanes et autres tarentelles proposées, sans en
excepter folles farandoles et sarabandes échevelées. La danse et ses
frôlements/frottements des corps, peu de choses n'altèrent autant.
Nous nous rapprochâmes donc du buffet pour nous en jeter quelques
uns au fond de la gorge. Chacun, comme de juste, remettant sa
tournée, et notre nombre étant conséquent, sans être complètement
désaltérés, nos dents du fond font cependant trempette dans le moût,
passez-nous la formule.
Une forte poussée d'urée nous poussa tous ensemble vers les WC, au
galop. J'eus le malheur d'être le plus lent et d'être forcé
d'attendre qu'une place me tende les bras. L'épreuve de mes deux
pauvres tortues Hyper-stressées, pressées qu'on leur change l'eau,
me fut une souffrance énorme. Pas un seul pot de chambre aux
alentours, pas une colonne Rambuteau. Mon honneur est au bord de la
rupture, je me sens lâcher de l'eau. La bonde a cédé et un geyser
s'échappe, un torrent, une cascade. Un déluge submerge le carrelage.
Mon pantalon est trempé, à essorer. Tous les regards, furax,
dégoutés, sont tournés vers ma personne. Un peu trop chaud pour un
automne, n'est-ce pas, lance-je à la cantonade ?
Je pense que l'heure de rentrer at home a sonné.
Sur la route
Sur la route nous pédalons. Deux heures que nous roulons. Alarme du bas-ventre réclamant d’urgence une séance de lâcher des eaux usées. Trouver une forêt, un bosquet, un arbre, juste quelque coupe-vent ou cache sexe pour que je rende un peu de son eau à la nature sans montrer mon empressement au passant ! J’abandonne le groupe de vélos pour trouver la bonne place. Stop, c’est là !
Au bord du profond fossé, caché par un platane, braguette ouverte, je me soulage avec bonheur vers le contrebas. Hurlements en-dessous !!! Le photographe nature à l’affût s’ébroue, couvert de chaude rosée …. « Ré-emballage » d’urgence avec toutes mes excuses auprès du camouflé ! Trop de monde dans la pampa …..
Retour sur le vélo avec un succès assuré quand je raconte mon arrosage au reste du peloton!
Nota : amateur de photo nature, prudence, surtout avec une retenue d’eau en amont ….
Voyage à Corfou
Toute cette eau bue,
A présent elle reflue
Et l'autocar roule, roule ;
Le chauffeur est maboule
"Pas d'arrêt jusqu'à Corfou,
Vos problèmes je m'en fous !"
Me soulager dans quelque chose,
La seule façon, je l'ose :
Je sors Popol et une capote,
Et me lâche devant mes potes.
Hop, un noeud pour fermer
Et une vengeance on va tramer.
Corfou, nous sommes rendus,
Le chauffeur est descendu.
Au passage je place,
Sous le coton lavasse
Où l'homme pose son cul,
Le ballon jaune tout tendu.
Mes potes sont au courant,
Le départ sera marrant.
Le chauffeur prend place ...
Son regard est de glace,
Le car a un hoquet
Les roues se sont braquées,
L'homme sort, le pantalon trempé
Cent personnes l'ont vu décamper
Sous nos huées vengeresses :
Totale fut sa détresse.
Eddie Teupriveras (du Lipo-Club)
Un jour de décembre
Un jour de décembre tombent flocons et eaux glacées ...
Très tôt, sombre encore est le jour .
Dans mon auto je roule vers le boulot ...
Et ça monte ... le ventre se gonfle et me soulager est ma seule pensée .
Trop glagla pour un arrêt au bord de la route ... pas de café en vue ...
Dans l'auto, pas grand chose, pas de bocal, pas de pot ...
Chouette : un sac de supermarché presque sous mes godasses semble étanche ...
Allez ! j'ose ... pas commode, cependant ça marche .
Un noeud pour fermer le sac et hop ! je le jette par la fenêtre ...
hélas pas assez ouverte ... le sac ne passe pas par la fente -pourtant large-
et s'éclate ... dedans !!!
Partout ça coule et ça pue .
Larmes de honte et de rage .
Le prône du préfet
Charlotte trouve fort long le prône du préfet, son amant. Auparavant, le député Tonnante a tenu une bonne heure. Cette salle bondée est très mal aérée, ça sent le fauve et le parfum. Elle a trop bu de thé et son ventre ballonné réclame l'ouverture des vannes séance tenante, la douleur est déjà forte or elle ne peut demander aux douze notables du rang de se lever, remonter l'allée centrale sous les regards de Charles Edouard et de neuf cents personnes, c'est exclu ! La nature réclame son dû, pourtant, de toute urgence. Comment se soulager, là ? A sa gauche le général somnole, de l'autre côté un jeune homme rêvasse. Devant elle, sous le banc, cette garce de préfète a posé son sac en croco. Un plan d'enfer se forme dans la tête de Charlotte, elle l'exécute dans les trente secondes : elle commence par s'avancer sur son banc, du bout de sa sandalette elle récupère le sac et, l'avant- bras caché par sa veste posée sur ses genoux, elle le place sous sa jupe ample (Charles-Edouard ne veut pas qu'elle mette de culotte, c'est une chance).Quel soulagement fabuleux : elle arrose d'un jet vengeur et voluptueux, avec quelques dégâts collatéraux (du côté du général), le sac de la préfète et le remet en place tout doucement.
Un quart d' heure après, le préfet clôt la séance. Charlotte, pendant le brouhaha général, shoote dans le sac dont le contenu se répand un peu partout sous les bancs. Souple comme un chat, elle contourne les obstacles , enjambe quelques bancs et se retrouve dehors, épatée par son audace alors qu'au même moment, à quatre pattes, la préfète replète patauge dans une flaque dorée pour récupérer, là ses clés, là sa brosse à cheveux et sa carte bleue, là-bas sa houpette et sa poudre, pas tellement d'escampette.
Ella Paddy (du Lipo-Club)
De leur côté les Croqueurs de Mots se sont déchaînés. Voici les liens conduisant vers leurs blogs respectifs, soyez prudents, regardez où vous mettez les pieds.
Trois catégories de textes pour ce défi :
- celles et ceux qui sont sauvés par le gong,
- celles et ceux qui trouvent une solution,
- celles et ceux qui ne la trouvent pas.
Quant aux lieux, vous avez le choix : route ou autoroute, bijouterie, montgolfière, auto, bateau, chantier, stade, église, école maternelle ou primaire, grande surface de bricolage, salle d'attente des Croqueurs et même devant son écran.
Tous méritent le détour et certains ont assorti leur texte d'illustrations excellentes.
Bonne lecture.
Jill Bill Eglantine-Lilas Fransua Arlette Philbois Jeanne Fadosi Mamie Claude Parisianne Tricôtine Tit-Anik Rouergat Papiluc Juntos Nounedeb Amtealty Bougnen
Marie de Cabardouche Lenaïg Boudig Fanfan